Quand un bronze peut-il être considéré comme "original" ?

Toutes les œuvres répertoriées dans le catalogue raisonné sont des originaux. Cela semble évident pour les marbres les pierres, les bois, les ivoires qui sont des pièces uniques. Qu’en est-il des bronzes qui sont numérotés ce qui laisse entendre qu’il existe plusieurs tirages de la même œuvre ? Le législateur, suite à certains abus, a décidé en 1967 de définir plus précisément la notion d’ "original" en matière de fontes artistiques : les tirages sont limités à 12 exemplaires dont quatre épreuves d’artiste.
 
Très tôt, Moirignot avait participé au débat afin de contribuer à sauvegarder la noblesse de son métier et la dignité du créateur : "Que diriez-vous, maîtres, Rodin, Renoir, Degas, Barye, Carpeaux, Malfray et peut-être vous un jour, sculpteurs contemporains, si vous reveniez sur cette terre industrialisée, de voir vos œuvres méconnaissables, multipliées, agrandies, réduites, surmoulées, déformées, usées, mais vendues très chères à des centaines d’exemplaires ?",  écrit-il dans les années 60 dans une revue professionnelle, et il continue : "Ce commerce nuit à l’art sculptural, à la France, aux sculpteurs, aux collectionneurs. Je ne veux citer aucun nom, ni des œuvres abîmées, ni des malins profiteurs, la liste serait trop longue. Je veux seulement sonner l’alarme…"
 
Conscients du problème et du risque, en 1997, les principaux fondeurs, réunis en syndicat, le syndicat des sculpteurs, le Comité des galeries d’art et la Chambre Nationale des Commissaires Priseurs signèrent un code de déontologie des fonderies d’art. Il fait aujourd’hui référence. A propos des originaux, il précise : "Lorsqu’elle est produite sous l’appellation d’ "original", toute œuvre d’art en alliage métallique fondu, ne peut être réalisée, selon la réglementation actuelle, qu’au nombre maximum de 12 exemplaires, même si la composition ou la couleur de l’alliage utilisé ne sont pas les mêmes pour chacune des 12 pièces.
 
Parmi ces originaux, quatre, appelés "Epreuves d’artistes", doivent être numérotés EA I/IV, EA II/IV, EA III/IV, EA IV/IV en chiffres romains.
Les 8 autres seront numérotés 1/8, 2/8 etc. en chiffres arabes.
Il est possible par contre de produire un nombre d’originaux inférieur à 12, le choix de ce nombre devant alors être déterminé, de façon irrévocable, par l’artiste avant la première fonte.
 
La limitation du nombre d’épreuves originales n’affecte que les 8 œuvres numérotées en chiffre arabes et n’exclut pas la réalisation des 4 épreuves d’artistes.
Lorsque la quantité, prédéterminée par l’artiste est atteinte, elle ne peut en aucun cas être dépassée."
 
Parmi les autres articles, on en trouve un qui rappelle aussi la qualité nécessaire de l’alliage : "Selon les termes de la loi du 8 mars 1935 publiée au Journal Officiel du 10 mars 1935, les objets d’art fabriqués et vendus sous la dénomination de "bronzes d’art" doivent obligatoirement être fabriqués à partir d’un alliage métallique dans lequel le cuivre entre dans une proportion qui ne peut être inférieure à 65% du poids total de l’objet manufacturé."